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Unis, nous résistons - extrait de discours du Président Kwamé N'Kruma

24 mai 1963 - Premier sommet de l'Organisation pour l'Unité africaine (OUA) qui se déroule à Addis-Abeba - Ethiopie

Devoir de mémoire...



''Nos peuples nous ont apporté leur appui dans notre lutte pour l'indépendance parce qu'ils croyaient que l'avènement des gouvernements africains guérirait les maux du passé d'une façon qu'il n'aurait jamais été possible de réaliser sous la domination coloniale. Par conséquent, si, maintenant que nous sommes indépendants, ne laissons subsister les mêmes conditions qui existaient à l'époque coloniale, tout le ressentiment qui renversera le colonialisme mobilisera contre nous.

Les ressources sont là. Il nous appartient de les mobiliser pour les consacrer au service actif de nos peuples. Si nous ne le faisons pas au moyen d'efforts concertés, dans le cadre de notre planification commune, nous ne progresserons pas au rythme qu'exigent les évènements d'aujourd'hui et la volonté de nos peuples. Les symptômes de nos troubles ne feront que croitre et ces troubles eux-mêmes deviendront chroniques. C'est alors qu'il sera trop tard même pour que l'Unité panafricaine, nous assure la stabilité et la tranquillité, dans les efforts que nous déployons pour créer un continent de justice sociale et de bien-être matériel. Si nous ne créons pas dès maintenant l'Unité africaine, nous qui siégeons ici aujourd'hui, nous serons demain les victimes et les martyrs du néo-colonialisme.


De toutes parts, tout vient nous prouver que les impérialistes ne se sont pas retirés. Il arrive parfois, comme au Congo, que leur intervention est manifeste, mais généralement elle se dissimule sous le masque de nombreuses institutions qui se mêlent de nos affaires intérieures pour fomenter de la dissension sur notre territoire et créer une atmosphère de tension et d'instabilité politique. Tant que nous n'avons pas extirpé les racines qui nourrissent ce mécontentement, nous apporterons une aide à ces forces néo-colonialistes et nous deviendrons nos propres exécuteurs. Nous ne saurions laisser de côté les enseignements de l'histoire.


''Notre continent est probablement le plus riche du globe, au point de vue de la production de minéraux et de matières premières pour l'industrie et l'agriculture. Du seul Congo, des firmes occidentales ont exporté du cuivre, du caoutchouc, du coton et bien d'autres produits encore, à concurrence de 2.773.000.000 de dollars, au cours de la décennie 1945-1955 de l'Afrique du Sud, les sociétés qui exploitent les mines d'or ont tiré, au cours des six années 1947-1951, des bénéfices de 814 milliards de dollars.

Très certainement, notre continent dépasse tous les autres dans son potentiel d'énergie hydro-électrique, qui, d'après l'évaluation de certains experts, représente 42 pour 100 du total mondial. Quel besoin avons-nous de rester employés à couper le bois et à puiser l'eau pour les zones industrialisées du monde ?


Evidemment, on dit que nous n'avons pas de capitaux, de techniques industrielles, de voies de communication, de marchés intérieurs, et que nous ne parvenons même pas à tomber d'accord entre nous sur la meilleure façon d'utiliser nos ressources pour nos propres besoins sociaux.


Et pourtant toutes les bourses du monde se préoccupent de l'or, des diamants, de l'uranium, du platine, des minerais de cuivre et de fer qui existent en Afrique. Nos capitaux coulent en véritables torrents pour irriguer tout le système de l'économie de l'Occident. On considère que cinquante deux pour cent des réserves d'or détenues actuellement à Fort Knox, où les Etats-Unis d'Amérique emmagasinent ces réserves, proviennent de nos côtes. L'Amérique fournit plus de 60 pour 100 de l'or mondial. Une grande quantité de l'uranium employé pour l'énergie nucléaire, du cuivre employé pour l'électronique, du titanium utilisé pour les projectiles supersoniques, du fer et de l'acier utilisés par les industries lourdes, des autres minéraux et des autres matières premières employés par les industries les plus légères - en fait les bases mêmes du pouvoir économique des puissances étrangères - proviennent de notre continent. Des experts ont estimé qu'à lui seul le bassin du Congo peut produire suffisamment de récoltes alimentaires pour satisfaire aux besoins de près de la moitié de la population du monde entier. Et nous sommes assis ici à parler de régionalisme, de progression graduelle, d'une étape après l'autre. Avez-vous peur de saisir le taureau par les cornes ?

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